Le Lien - The Link

Pour un syndicalisme européen, citoyen, participatif et unitaire
Building a new kind of staff representation based on participation, unity and defense of the European project

October 2010 – n°8

Editorial

Investissez en vous, avec U4U

Dans ce numéro :

• Éditorial
• European Civil Service Tribunal
• Unemployment benefits? 
• Staff Regulations and the EAS
• L'UE peut-elle sauver l'Europe
• What kind of end awaits the CDR?
• Rémunérations : audience de la Cour
• Pay and pension adjustment
• U4U à votre service
 

 

Le Financial Times du 22 septembre 2010 a publié un article de Luke Johnson titré ‘Unions are an obstacle to progress and changes’. Le texte qui aligne les clichés comme des perles conclut par une affirmation risible : ‘[Union] leaders are obsessed about […] money and power’. Risible, car cette phrase ne décrit-elle pas parfaitement les chefs d’entreprise et en particulier ceux qui dirigent les multinationales ? L’auteur cite aussi quelques cas où en effet les syndicats ont joué un rôle négatif ou contestable. Mais ne pourrait-on trouver des exemple où les sociétés privées ont commis des abus tels que l’on pourrait titrer : ‘Capitalist Companies are Bad for You ?’ Bien sûr que si, pensons aux escroqueries d’Enron, de Madoff et de Lernout & Hauspie. Pensons aussi à la transformation de France Télécom en machine à harceler et à détruire, dans le seul but d’économiser des primes de licenciement en poussant les travailleurs vers la sortie par des moyens ignobles.

La vérité est que les syndicats sont en effet un obstacle au rêve d'une partie du patronat : conclure des contrats de travail entre le faible et le fort, n’avoir en face de soi que des individus fongibles et un marché du travail si mobile que l’on puisse à tout moment remplacer un salarié par un autre, moins cher. Une société anthropophage, en quelque sorte.

Et pourtant. On pourrait soutenir la thèse inverse de celle de l’article du FT. Le syndicalisme est le meilleur " ami " du capitalisme. Ne sont-ce pas les luttes des syndicats qui ont permis de transformer le capitalisme sauvage en créant un marché intérieur grâce à l’augmentation des salaires, au meilleur partage de la productivité et en libérant le travailleur de ses préoccupations de survie grâce aux mécanismes de sécurité sociale ? Ford lui-même, capitaliste éclairé, souhaitait que chacun de ses salariés puissent acheter une de ses voitures. Le capitalisme d’après guerre a permis une croissance économique jamais vue au moment même où les syndicats ont pu imposer un partage des richesses un peu plus équilibré.

Mais les choses ont changé, du fait du succès même de ce modèle. La grande victoire du libéralisme a été de faire passer cette image auprès du grand public : les syndicats seraient des dinosaures obsolètes et inutiles. Et aussi de faire passer l’illusion que le bon salarié productif, loyal et docile se verrait individuellement récompensé par une belle carrière.

Dans les institutions européennes, cette image s’est répandue au point qu’en effet le taux de syndicalisation a chuté et que la crédibilité des syndicats a été mise à mal. Mais quelles en ont été les conséquences concrètes ? La négociation de la précédente réforme , et des modifications partielles qui s'en sont suivies, a été faite en position de faiblesse et on a vu surgir des statuts spéciaux, plus précaires, des salaires discriminatoires, tirés par le bas, des droits à pension menacés . Les titulaires des contrats avant réforme ont aussi vu rogner leurs droits via une contribution de crise pérennisée, des primes en extinction et des promotions plus lentes en termes réels et plus aléatoires.

Une nouvelle campagne a été lancée dans la presse européenne contre la fonction publique en générale et européenne en particulier. Les allégations les plus outrancières et mensongères sur nos prétendus privilèges sont présentées comme scandales à réformer d’urgence. Dans ce contexte, le refus d’appliquer la méthode (notre droit contractuel) n’est que la première salve. Le vrai tir de barrage aura lieu en 2012 lors de la renégociation de la méthode.

Comment le personnel va-t-il aborder cette renégociation ? Divisé, confus, faible ? Alors, le pire est à craindre et les Etats se feront un plaisir de présenter à leurs opinions publiques leurs mauvaises actions comme une victoire contre les eurocrates par essence inutiles, bureaucrates et budgétivores. Cela distraira leurs citoyens des coups qui leur seront portés, par ailleurs.

C’est pourquoi, si nous ne voulons pas être défaits en rase campagne, il importe de nous remettre en ordre de bataille. Revitaliser les syndicats, former un front le plus large possible, bâtir un programme de revendications crédible, voilà l’urgence d’ici 2012.

U4U s’y emploie de toutes ses forces. C’est pourquoi nous avons besoin de vous. Rejoignez-nous. Adhérez. C’est le meilleur investissement que vous puissiez faire aujourd’hui : bâtissez votre propre futur avec nous.

 

  European Civil Service Tribunal : 5 years already !  
 

 
On Friday 1 October 2010, TFPUE celebrated five years since it was set up with a debate with the participation of the President of the Court and the CFI.

This day was also the occasion to review this new legal tool and identify both its positive and negative aspects.

In general, it was noted that the same questions still remain the issue since 2004 and more specifically:  difficulties in mediation, plaintiff's costs and access to justice. Many of the speakers worried about the fact that costs cannot be pre-assessed and this constitutes a deterrent in filing a case.  Others argued about discriminatory treatment in terms of expenses according to the institution of the plaintiff.   Different participants from the Court presented a common observation:  the low effectiveness of the mediation and non-contentious procedures and the rather systematic recourse to the judge which is not always the ideal solution.

All the ideas developed in this context should be used to nourish the reflection of the Court to revise its regulations.  U4U wishes that this reflection should go in the direction of a strengthening of the protection of the rights of EU staff and greater equality in the treatment of the process parties.

Basically this new specialised jurisdiction made case law in favour of the staff despite the fact that some do not consider this development adequate.  For example, the Court strengthened the obligation to justify the cancellation of an open-ended contract.  It also developed an approach to apply in an indirect manner the Community directives in the domains of social law, in order to better protect precarious personnel.  Lastly it allowed for an easier recognition of harassment.

If legal time is not compatible to human time, it is nonetheless true that this jurisdiction brought favoured European officials and that the aim of listening to the actors of a contentious issue before amending its rules and procedures is a good omen for the officials and other servants of the Union.

U4U will present an detailed analysis of this debate in the GRASPE issue coming out soon.

See the totality of the documents of this debate.

 

 
  Unemployment Benefits  
 

 
A Report of the Commission to the Council for the period 2006-2008:  the financial situation of the community fund for unemployment benefits for the old temporary agents and contractual agents not able to find a job after the end of their Commission work contract.

Every two years, the Commission should present a report to the Council concerning the management of unemployment funds covering the contractual and temporary agents.  It is an accounts report that the Commission prepares for submission to the Council and which covers the totality of the community institutions.

According to this report, the unemployment benefits fund has not yet reached its cruising speed mainly due to the new entitlement conditions adopted in 2004, the establishment of the new status of contractual agents and the setting up of community agencies.

Thus, the contributions and expenses of the unemployment benefits fund doubled between 2005 and 2008.  Income strongly increased in 2006 having a more gradual increase in 2007 and 2008 whilst expenses increased mainly in 2007 and 2008.  This time interval increased the annual surplus from EUR 755,000 to EUR 3,410,000 in 2006 and EUR 2,275,000 in 2007 before reaching a slight deficit of EUR 330,000 in 2008.

 

 
  External Service : adaptation of Staff Regulations  
   

External Service:  the point in the revision of the Staff Regulations for the creation of SEAE.

According to our information, the draft amendment of the Staff Regulations submitted by the Commission is still under discussion with the rapporteurs and the Legal Affairs Commission.

The European Parliament aims to incorporate the staff of the service into the Community civil service and minimise any possible differences with the rest of the staff. It also aims to make the selection procedures as transparent as possible, namely for the national diplomats, without however going as far as asking the intervention of EPSO which could guarantee transparency.  It also advocates gender and geographical balances as well as the intervention of the Parliament in the affairs of the staff of the Service.

More precisely, the rapporteur proposes to suppress the transfer for the interest of the service between SEAE and the Commission, a measure which could applied both in a negative and positive manner according to the specific case and interpretation.  It equally proposes to limit the rotation of contractual staff, in analogy the current provisions applied to officials but the arguments for this discriminatory measure are not really convincing.  It also refuses a common staff committee with the Commission, a measure which would have made it possible to better protect the staff of the new institution which will be, from the beginning, divided in different personnel categories, of various origins.   On the other hand, it suggests a compulsory primary or complimentary social security system for the Delegation's local agents which is a major progress.  In addition, it appears that the Parliament wishes to be able to apply Article 50 of the Staff Regulations to the temporary agents of SEAE, but without doubt also to the agents of the political groups. Such a measure will lead to make this service even more inter-governmental and could also lead to practices which would weaken the community civil service.  

In parallel, the Commission adopted a letter amending the draft budget for 2011 in order to set up a "SEAE" section and in which the budget of the service is presented in detail.  

U4U will continue to fight in order to try and better the proposal, namely during the phase of the Parliamentary examination.

We shall present a more detailed analysis of the issues and orientation in GRASPE.

 

 
  L'UE peut-elle sauver l'Europe ?  
 

 
A propos de la conférence de la FFPE: L'UNION EUROPÉENNE PEUT-ELLE SAUVER L'EUROPE ?

 

La FFPE a repris dans cette conférence des thèmes qui nous sont chers depuis notre fondation, ce qui est bien, voire les développe dans les mêmes termes, ce qui est encore mieux.

Ceci démontre, s'il en était besoin, qu'au moment où l'existence même de la Fonction Publique européenne est désormais clairement remise en cause, ainsi que la dimension communautaire du projet européen, il ne faut plus se contenter d'être seulement "terre à terre" dans l'expression de nos objectifs et de nos revendications.

La carence d'analyse n'est plus de mise.
TOUS les collègues le comprennent désormais, et dans TOUTES les Institutions, quelles que soient leurs motivations, leurs aspirations, leurs attentes personnelles, leurs perceptions aussi (auxquelles nous devons être attentifs): ils comprennent que ces dimensions personnelles sont liées et dépendantes d'évolutions méta-politiques au sein de l'UE ...à travers leur impact direct dans les Institutions.
L'arrogance n'est pas dans la prise en compte de cette compréhension de plus en plus partagée par un nombre croissant de collègues... L'arrogance consiste plutôt à croire ou à faire croire que nos collègues demeurent majoritairement incapables de comprendre ce lien entre leur sort/statut personnel et des évolutions politiques plus larges. (*)

A vouloir trop longtemps être/rester corporatiste, nous courrons le risque de nous faire enfermer, de laisser enfermer les collègues dans une nouvelle impasse dans deux ou trois ans...

Pour ne pas avoir compris cela de façon plus large , nous voyons se refermer une petite "nasse SEAE" avec la constitution de facto d'un Statut SEAE, certes avec un faux-semblant qui permet de sauver la face: ce statut ad hoc reste --pour l'instant-- "à l'intérieur" du grand et inaltérable Statut..! (**)

Même s'il y a encore du chemin, ce constat commence à être partagé par un nombre croissant d'organisations syndicales au sein des dites Institutions , ce dont U4U se réjouît.

Pourquoi?
- parce qu'il y a désormais une prise de conscience de plus en plus large que nos collègues sont de plus en plus nombreux à faire le lien entre ce qui se passe orbi et ce qui leur arrive urbi;
- parce que nos collègues sont de plus en plus nombreux à être recrutés, dans toutes les catégories, à "Bac+ 4 ou 5 ans" de niveau de formation: le discours modeste/primaire ne leur suffit plus; pour eux, l'action concrète doit être éclairée/expliquée/justifiée aussi par l'analyse, l'une ne va plus sans l'autre désormais...
- parce que si la vitesse de cette prise de conscience varie légitimement selon les Institutions et organes européens (les collègues de la Commission n'étant à "l'avant-garde" que parce qu'ils sont les premiers à être exposés aux changements d'équilibre ("intergouvernementalisme vs méthode communautaire"), cette prise de conscience s'effectue cependant PARTOUT;
- parce que le vrai obstacle réside ailleurs, dans l'individualisme et l'absence de solidarité qui en découle ici comme partout ailleurs en Occident depuis les années 80: seule l'analyse politique peut montrer à chacun(e) que "tout se tient", qu'on ne peut pas/plus s'en tirer tout seul et que --pour cette raison égoïste-- la solidarité s'impose
- parce que toute régression dans l'expression de cette prise de conscience collective et individuelle (expression parfois qualifiée "d'arrogante et élitiste" ou "philosophique" par les tenants d'une démarche plus corporatiste) ne serait un progrès pour personne: donc, il faut relever le niveau du "plus petit commun dénominateur" et non l'inverse...!

Rappeler, chaque fois que c'est possible, que chacune des revendications s'inscrit dans un contexte plus large et dépend de certaines évolutions externes.

Rappeler, incidemment et implicitement, mais systématiquement, que ces facteurs extérieurs ne dépendent pas de nous comme syndicats (là serait "l'arrogance", là uniquement) et comme fonctionnaires, mais dépendent de nous comme citoyens actifs dans la cité (par nos votes, par nos engagements associatifs, par la diffusion de nos analyses aussi), TOUS les collègues en sont conscients: à nous peut-être de mieux leur en expliquer les raisons et les enjeux...

L'Histoire syndicale et politique montre qu'il faut beaucoup expliquer pour être un peu compris: autre raison de poursuivre et persévérer dans cette démarche. Se projeter dans l'avenir, se dire "visionnaire" sans faire ce travail d'analyse et d'explication est illusoire: Bruxelles est loin de Lourdes et de Fatima comme de Czeztochowa...sauf à croire que le PPE aurait créé des antennes au PE.!

(*) Propos résumé de façon cursive par un proverbe bas-anatolien du XIIè siècle, redécouvert par le grand philologue (et philosophe) J. Yanne, " A trop longtemps prendre les gens pour des c..s, ils finissent par vous le rendre ou par vous ignorer"...(Pendant des années, plus de 80% des fonctionnaires européens ont ignoré les syndicats-maison: ça devrait "interpeller" comme on dit dans les églises.!. Non?)

(**) Cela n'intéresse peut-être pas autant les collègues d'autres Institutions que la Commission: ils ne sont pas --enfin pas pour l'instant-- concernés.
 

 
  What kind of end awaits the CDR ?  
 


In the staff elections in June 2009, U4U was the first list to call for the complete abolition of the appraisal and promotion system introduced by the "Kinnock reform", despite recent attempts to render it more "acceptable".

We undertook to oppose this unfair system which divides staff and overwhelms managers in our institution. The Commission will not be able to make a success out of a system which has failed everywhere else that it has been tried.

Most trades union representatives, members of staff and managers now appreciate the need to get rid of the present system.

In order to define a new appraisal and promotion system, we want to encourage a wide-ranging discussion among all staff representatives and unions.

You will find below a document outlining some principles for improving the appraisal and promotion system.. Please send us your suggestions and comments on this text.

Let's work together to devise a system in the best interests of all – administration and staff and let us put it forward.


ATTACHMENT:

Initial thoughts for improving our appraisal and promotion system

1. The primary responsibility for appraising staff should lie with the appraisal officer. Consideration should be given to introducing a scheme for staff to appraise their appraisal officer according to specific, objective and common criteria.

2. The appraisal system should be separated from the promotion system. This means that there would be two possibilities for appeals (via one committee for appraisals and a separate committee for promotions). The appraisal will be qualitative and will not involve a points scheme.

3. The number of "high fliers" will be limited to the previous level of 18% of staff (and NOT 30%, the current level) and will be set per grade. These limits should be used as ceilings. The principle of "high fliers" should however be maintained so as to ensure a supply of high quality managers from within the institution.

4. The promotion exercise will only begin once the appraisal exercise has been completed and will be based both on the "annual" appraisal and other transparent objective merit criteria (such as promotion possibilities, "annual" performance, performance over a long period or seniority, level of responsibility, the interests of the institution, "positive discrimination" etc.) In order to ensure transparency, all such criteria will have to be objective and quantifiable.

5. In any case, a member of staff who has performed his/her duties satisfactorily can expect to advance within the career system at the normal rate laid down in Annex 1B of the statute.

6. There will only be 3 promotion levels. The appraisal officer will be consulted on the promotion points proposed.

7. Work carried out in the interest of the institution should be recognized

8. The promotions committee will be supplemented by a sub-committee per DG.

9. The promotion committee (in which the president will not be allowed to vote) :
Will have real powers
Will deal mainly with appeals
Will be the last body before a decision by the AIPN

10. Appraisals should be carried out once every two years, unless a DG is about to disappear. Objectives will be set annually and there will continue to be at least one formal dialogue between staff and appraisal officers every year.

 

 
  Audience de la Cour concernant les rémunérations  
 

 
L’audience de la Cour à propos de l’augmentation des rémunérations au titre de 2009 :
un enjeu fondamental pour la suite

 

Le 21 octobre 2010, la Cour de justice des Communautés européennes a examiné l’affaire C-40/10 à propos de l’adaptation des rémunérations au titre de 2009.

Les arguments de la Commission et du Parlement européen en faveur de l'application du droit

Lors de l’audience de la Cour, l’agent de la Commission a explicité les arguments venant en appui de la demande d’annulation du règlement du Conseil adaptant les rémunérations des fonctionnaires et agents de l’UE de 1,85% au 1er juillet 2009 au lieu des 3,7% proposés par la Commission.

Il a tout d’abord démontré que l’augmentation de 1,85%, alors que l’application de l’annexe XI conduisait à une augmentation de 3,7%, a été fixée par le Conseil sur base de considérations générales relative à la situation économique existant au moment de l’adoption du règlement et que ce montant a été fixé de manière forfaitaire. Il est d’ailleurs noté que les Etats membres n’ont pas tenu compte de la situation économique de juillet 2008 à juillet 2009 pour fixer les augmentations de salaires de leurs fonctionnaires publics, reflétées dans les statistiques de la DG ESTAT. Le problème provient du fait que la méthode fonctionne avec retard et qu’elle peut produire une augmentation, alors que la situation se dégrade, comme en 2009. Toutefois, la Commission a fait remarquer que cette année l’adaptation pourrait être légèrement négative et ainsi refléter la situation économique entre juillet 2009 et juillet 2010. Ainsi les conséquences de la crise économique sur les salaires des fonctionnaires publics sera prise en compte dans l’adaptation annuelle de 2010 et la réduction de l’adaptation 2009 n’était donc pas nécessaire.

La Commission a également argumenté que le Conseil n’aurait qu’une compétence liée dans le domaine et que cet automatisme résulte de la volonté même du Conseil qui accepté d’intégrer, pour 8 ans, la méthode dans une annexe du statut, afin de créer une certaine stabilité sociale en échange de contreparties acceptées par le personnel : l’introduction d’un prélèvement spécial et l’augmentation de la cotisation pension, notamment. Ainsi, le personnel pouvait avoir une confiance légitime dans l’application de la règle adoptée par le Conseil lui-même. Pour la Commission, les Etats membres ont exercé leur pouvoir discrétionnaire en fixant le salaire de leurs fonctionnaires ; ce que l’annexe XI ne fait qu’enregistrer de manière très fidèle et ce qui n’a pas été contesté par le Conseil.

A propos de la clause d’exception, la Commission rappelle que le Conseil n’a pas adressé de demande formelle pour activer cette disposition et qu’aucun Etat membre n’a apporté d’éléments pour éventuellement déclencher la procédure. L’adoption d’une nouvelle proposition, selon cette clause, relève de l’appréciation de la Commission et de toute manière ne pouvait se faire que pour le futur ; ce qui n’exemptait en aucune manière le Conseil de respecter les obligations statutaires et d’adopter la proposition de la Commission. Dans cette hypothèse, enfin, la Commission considère que le Parlement était co-législateur et le Conseil n’aurait pu adopter un tel acte sans violer l’équilibre institutionnel. Ce point de vue a été confirmé par l’agent du Parlement lors de l’audience.

Ainsi, pour la Commission et le Parlement, la méthode est automatique et le Conseil doit l’appliquer.

 

Les arguments du Conseil.

 

L’avocat du Conseil a argumenté l’approche contraire, en soutenant que le Conseil dispose toujours d’une marge d’appréciation et que l’article 65 et l’annexe XI n’empêche pas le Conseil de prendre en compte d’autres critères non mentionnés dans le statut pour apprécier de l’évolution des rémunérations. L’avocat du Conseil considère également que la lecture de l’annexe XI par la Commission prive l’article 65 de tout effet utile et qu’il existe une hiérarchie entre l’article 65 et son annexe et donc le maintien d’une marge d’appréciation en faveur du Conseil. Pour lui, l’annexe XI ne constitue qu’un cadre dans lequel la Commission fait sa proposition sur laquelle décide le Conseil. Il constate que si le Conseil a toujours suivi les propositions de la Commission dans le domaine de l’adaptation des rémunérations, cette approche ne le priverait nullement de son pouvoir d’appréciation et de tenir compte d’autres facteurs dans le cadre de la politique économique et sociale de l’Union.

Il argumente aussi qu’il n’est pas concevable que le législateur ait pu abandonner toute marge d’appréciation pour la fixation des salaires de ses fonctionnaires et agents, notamment en cas de crise économique, comme c’est le cas aujourd’hui et cette flexibilité existerait en dehors de la clause d’exception qui produit des effets similaires.

Par delà les arguments juridiques, l’avocat du Conseil a fait valoir qu’une augmentation plus importante des rémunérations des fonctionnaires de l’Union n’aurait fait que provoquer l’incompréhension des citoyens et aurait fait peser une charge additionnelle pour les budgets des Etats membres alors qu’ils sont fortement sollicités par la crise (sic). Par ailleurs, suite aux mesures prises par les Etats membres à propos des rémunérations de leurs fonctionnaires, il aurait été difficile d’attendre l’adaptation 2010 pour faire payer la crise aux fonctionnaires de l’UE.

L’avocat du Conseil conteste l’interprétation de la clause d’exception et considère que les conditions étaient réunies pour l’appliquer. Pour lui, même si la Commission avait déclenché cette procédure, il n’aurait pas été possible d’adopter des mesures avant la fin de l’année 2009

Suite à l’échange de ces arguments, les juges ont posé de nombreuses questions à l’avocat du Conseil et aucune aux agents de la Commission et du Parlement dont les exposés étaient très clairs et très complets.

 

Conclusions

 

Notre organisation considère que la Commission et le Parlement européen ont défendu les intérêts de la fonction publique européenne et par delà de l’Union européenne, avec les meilleurs arguments. Nous espérons que la Cour jugera sur base du droit et non par rapport à des arguments politiques et d’opportunité des Etats membres qui ne visent une fois de plus qu’à affaiblir le système communautaire. N’oublions pas d’ailleurs ces arguments sont symboliques : 47 millions d’€ pour les 1,85% en 2009 à comparer au 133 milliards d’€ du budget de l’UE !

Dans cette affaire, ce qui est encore plus grave est la rupture de la confiance légitime entre les fonctionnaires et le Conseil. Les négociateurs de la réforme de 2004 ont essayé de vendre les sacrifices demandés au personnel (diminution des niveaux de recrutement, pertes de trois échelons, grades supplémentaires, fin des transferts, fin de l’allocation de scolarité pour la plupart des fonctionnaires, diminution de l’allocation de foyer, augmentation de l’âge de la retraite, diminution du taux d’accumulation pour les pensions de 2% à 1,9%, diminution des remboursement du voyage annuel, rétablissement d’un prélèvement spécial etc. etc.) en échange d’une méthode d’adaptation des rémunérations, afin de maintenir la compétitivité des salaires et garantir la paix sociale au sein des institutions. Quelle confiance le personnel pourra-t-il avoir dans le Conseil et les Etats membres, quand ils proposeront de négocier une nouvelle méthode en 2013, alors qu’ils refusent de respecter leur parole, à la première difficulté ? Espérons que les juges de Luxembourg prennent bien en considération l’aspect de la légitime confiance du personnel, sinon le dialogue social risque de devenir très difficile, à l’avenir, et les institutions européennes pourraient se retrouver dans une situation « à la française » dans laquelle il est impossible de trouver des compromis, en l’absence de toute confiance. D’après les experts, le jugement de la Cour pourrait être rendu avant les vacances de Noël. Affaire à suivre.. 

 

 
  Pay and Pension Adjustment  
 

 
ADAPTATION ANNUELLE DES REMUNERATIONS

+0,1 % DU TRAITEMENT DE BASE DANS LA GRILLE

 

Adaptation des traitements des fonctionnaires et agents de l’UE

La méthode d’adaptation des rémunérations et des pensions repose sur le principe du parallélisme des traitements des fonctionnaires et agents de l'UE avec l’évolution du pouvoir d'achat des fonctionnaires des États membres (échantillon de 8 Etats membres). Le pourcentage d'adaptation annuel correspond au produit de la valeur de l'évolution moyenne du pouvoir d'achat des fonctions publiques nationales (appelé indicateur spécifique) et de la valeur de l'évolution du coût de la vie à Bruxelles (indice international Bruxelles).

Sur base des chiffres mis à jour par Eurostat et présentés par les Etats membres, la Commission va proposer au Conseil l'adaptation des salaires et des rémunérations suivantes pour 2010 :

 +0,1%

Coût de la vie (Indice International Bruxelles): +2,4%

Evolution des salaires des fonctions publiques nationales: -2,2%

Total: (102,4 x 97,8)/100: +0,1%

 

Evolution de la contribution pension

Le taux de contribution au régime de pension calculé sur base de la méthode actuarielle de l’annexe XII du Statut, passera, avec effet rétroactif au 1er juillet 2010, de 11,3 % à 11% du traitement de base. Ce taux diminue donc de 0,3% et son effet net sur les traitements peut être estimé à environ + 0,2%.

 

Evolution du prélèvement spécial

Le taux du prélèvement spécial, prévu à l’article 66 bis du statut,  passe de 5,07% à 5,5% du traitement de base, au 1er janvier 2011. L'augmentation brute de ce prélèvement est donc de 0,43%. Elle n'a, en termes nets, qu'un effet moyen de - 0,2%, car elle va de 0 à 0,35% du salaire brut de chaque fonctionnaire et agent. En effet, ce prélèvement est assorti d'une franchise équivalente au traitement de base d'un ASTI/1. La partie du traitement allant jusqu'à un plus de 3000€ n’est pas incluse dans la base de calcul du prélèvement. Cette exonération concerne les collègues ayant les rémunérations les plus basses.

Par ailleurs, le prélèvement spécial ne concerne ni les allocations familiales ni les indemnités.

 

Les conséquences de l’ensemble de ces changements sur les le traitement net individuel des fonctionnaires et agents de l'UE

Si on récapitule l’ensemble des changements explicités ci-dessus:

-        L'adaptation de la rémunération des fonctionnaires et agents nette, en moyenne, est de +0,1%, à compter du 1er juillet 2010 ;

-        L’augmentation du prélèvement spécial a un effet net moyen d'environ - 0,2% (0,43%, brut) sur les salaires des fonctionnaires et agents, à compter du 1er janvier 2011 ;

-        La diminution de de la contribution pension, rétroactivement au 1er juillet 2010, est de 0,3%. Son effet net sur les rémunérations des fonctionnaires et agents est de +0,2% (0,3% brut).

L'effet net moyen de l'évolution du prélèvement spécial est donc compensé par l’effet net moyen de l’évolution de la contribution pension. Par conséquent, l'adaptation nette, moyenne, effective des rémunérations sera, au 1er janvier 2010, de + 0,1%.

 

Le rappel des adaptations, au titre de l’exercice 2010

L'adaptation des salaires est fixée au 1er juillet 2010 et par conséquent, chaque fonctionnaire et agent touchera un rappel de 0,6% nets (6 x 0,1%) de son traitement, auxquels il faut ajouter l’effet de la diminution de la contribution pension sur six mois (6 x 0,2% = 1,2%). In fine, le rattrapage devrait être, en moyenne, de 1,8% du traitement de base.

Comme chaque année, il devrait être payé fin décembre/début janvier, si le Conseil accepte d’adopter l’ensemble des dispositions nécessaires à de tels ajustements.

 

Conclusion

U4U se réjouit bien entendu du bon fonctionnement des dispositions statutaires qui permettent de maintenir le parallélisme entre les rémunérations des fonctionnaires européens et celles des fonctionnaires nationaux. Toutefois, il importe de rester prudent car le Conseil peut toujours refuser d’adopter la proposition de la Commission, à l’instar de ce qui s’est passé fin 2009 et une fois encore violer la confiance légitime du personnel dans les dispositions légales qu’il s’est fixé à lui-même en 2004.

Il est bien entendu que l’ensemble de ces évolutions doit s’effectuer sans préjudice du résultat du recours de la Commission devant la Cour de Justice dans l'affaire des 1,85% au titre de l'adaptation 2009.

 

 
  U4U à votre service  
   

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